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L’actualité religieuse ouest-africaine de la semaine a été marquée par une forte mobilisation des Églises face aux enjeux sécuritaires et sociaux, la promotion de la liberté religieuse fondée sur les valeurs africaines, la dénonciation des violences contre les chrétiens au Nigeria, entre autres.

Benin :

 Les prêtres de l’Afrique de l’Ouest ont clôturé leur 11e congrès annuel ordinaire par une messe, dimanche 15 juin, à la paroisse Saint-Michel de Cotonou, au Benin. Dans leur communiqué final, l’Union des prêtres de l’Afrique de l’Ouest, URPAO, a notamment exhorté à la paix et à la sécurité dans la sous-région tout en dénonçant les cas d’enlèvement et d’assassinat d’agents pastoraux dans l’exercice de leur ministère.

Burkina Faso :

À l’occasion d’une profession perpétuelle et d’un jubilé religieux à Ouagadougou, le cardinal Philippe Ouédraogo a délivré un message inspirant aux sœurs missionnaires Franciscaines de Marie.

« Vivez votre consécration avec joie et générosité, dans l’Esprit Saint », a-t-il lancé à la paroisse Saint-Camille de Dagnoë, le 13 juin.

Deux religieuses ont prononcé leurs vœux perpétuels, tandis que deux autres célébraient 25 et 60 ans de vie consacrée. Le cardinal a souligné la mission évangélique de chaque institut :

« Ce n’est pas dans les œuvres visibles que la mission s’accomplit d’abord, mais dans le témoignage vivant du Christ. »

Il a encouragé les sœurs à embrasser les conseils évangéliques – chasteté, pauvreté, obéissance – comme signes de leur engagement total à Dieu.

Soulignant la dimension communautaire et prophétique de la vie religieuse, il a conclu :

« Vos vies doivent être une présence humanisante parmi ceux qui souffrent. »

Cap-Vert :

Au Cap-Vert, les évêques des diocèses de Santiago et de Mindelo ont annoncé un projet ambitieux de traduction de la Bible en créole capverdien unifié. Le cardinal Arlindo Gomes Furtado et Mgr Ildo Augusto dos Santos Lopes Fortes ont officialisé l’annonce lors d’une conférence à l’Université Catholique de Praia.

« Il est temps que notre peuple ait la Parole de Dieu dans sa langue. C’est une forme d’évangélisation et de valorisation culturelle », a affirmé le Cardinal Furtado.

Une équipe interdisciplinaire travaille déjà sur la traduction du Nouveau Testament, dans le cadre du jubilé de l’Église allant jusqu’en 2033.

Le projet soulève la question des variantes créoles (Barlavento et Sotavento), mais les évêques souhaitent une version unificatrice.

« Comme pour l’allemand avec Luther, notre créole peut aussi se structurer à travers la Bible », a précisé le cardinal.

Outre la Bible, la conférence a abordé la régulation de l’Accord juridique entre l’Église et l’État. Les évêques appellent à sa mise en œuvre effective dans des domaines tels que l’éducation, la santé, et la reconnaissance du clergé.

Mgr dos Santos a mis l’accent sur la jeunesse et la formation religieuse :

« Le défi est d’accompagner les jeunes dans leur quête de sens. La catéchèse doit être renouvelée. »

Il a insisté sur la collaboration entre diocèses, pour un impact plus grand :

« Travailler ensemble, ce n’est pas juste plus efficace, c’est plus évangélique. »

Côte d’Ivoire :

•Le 84e conseil national des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) de Côte d’Ivoire s’est achevé par une messe célébrée en la cathédrale saint André de Yopougon dimanche 15 juin. Cette eucharistie, qui marquait également la célébration anticipée du Jubilé des missions, a été l’occasion pour le père Jean-Noël Gossou, directeur national des OPM, d’exhorter les fidèles à une plus grande prise de conscience de leur identité missionnaire, afin d’œuvrer à l’extension du Règne de Dieu.

L’archevêque métropolitain d’Abidjan, Ignace Bessi Cardinal Dogbo, a pris fermement position sur le climat politique en Côte d’Ivoire, à l’approche de l’élection présidentielle. Dans une interview au journal Notre Voie, il a rappelé que les évêques ne s’expriment jamais à la légère :

« Quand les évêques parlent, ce n’est pas pour faire de la politique. Ils parlent en tant qu’observateurs lucides et soucieux de la paix », a déclaré le cardinal.

Il a insisté sur la nécessité que les élections soient inclusives, justes, transparentes et équitables. Selon lui, il s’agit là des fondations nécessaires pour préserver la paix dans un pays qui, selon ses propres termes, « n’est pas encore sorti de la crise ».

Face à l’exclusion de figures politiques majeures telles que Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Blé Goudé ou Guillaume Soro de la liste électorale définitive, le cardinal estime qu’il faut éviter les erreurs du passé :

« Pour que le développement ne soit pas compromis par des crises inutiles, il faut inclure tout le monde. »

Par ailleurs, évoquant sa participation au conclave ayant conduit à l’élection du pape Léon XIV, Ignace Cardinal Dogbo s’est réjoui du climat spirituel ayant entouré le processus :

« Nous sommes entrés en conclave en tenue liturgique. Cela montre que tout cela est prière, confiance et foi. »

Il a également abordé la question d’un possible pape africain à l’avenir, estimant qu’il faut une maturité spirituelle pour que cela soit pleinement accepté.

Nigéria :

Mgr Stephen Dami Mamza, de l’Église catholique du diocèse de Yola au Nigeria, a lancé un appel aux dirigeants africains afin qu’ils s’inspirent des valeurs traditionnelles africaines, qu’il estime favorables à la liberté religieuse et à la coexistence pacifique sur le continent.

S’exprimant lors d’un panel pendant le tout premier Sommet africain sur la Liberté Religieuse (IRF), tenu à Nairobi, capitale du Kenya, Mgr Mamza a mis en avant la « profonde spiritualité » de l’Afrique et l’unité dans la diversité culturelle comme particulièrement inspirantes.

« Ce sommet arrive au bon moment, un moment dont nous avions réellement besoin, et j’espère et prie qu’il portera du fruit, et qu’il commencera bientôt à produire des effets progressivement », a déclaré l’évêque nigérian, représentant des membres du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) lors du sommet d’une journée, tenu le mardi 17 juin.

  • Les évêques catholiques du Nigeria annoncent une prière de neuf jours pour les victimes de l’attaque de Benue

Les évêques catholiques du Nigeria ont déclaré neuf jours de prière à la suite des attaques perpétrées les 13 et 14 juin dans l’État de Benue, qui auraient fait environ 200 morts. C’est la communauté majoritairement chrétienne de Yelewata qui a été visée.  Selon l’agence nationale des secours nigériane, les conditions d’accès limitées et l’instabilité sécuritaire compliquent encore la confirmation d’un bilan définitif. La NEMA évoque plus de 6 500 déplacés, dont 3 000 dans un besoin urgent de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Dans une déclaration publiée vendredi 20 juin, les membres de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) ont déclaré que cette initiative spirituelle, qui débutera le 21 juin dans tout le pays, vise à manifester la foi chrétienne en pleurant les morts, en réconfortant les survivants et en intercédant pour la paix dans toute la nation.

« Nous appelons tous les catholiques du Nigeria et toutes les personnes de bonne volonté à observer une prière de neuf jours à partir du samedi 21 juin 2025 », déclarent les membres de la CBCN, ajoutant : « Chaque jour, nous demandons aux individus, aux familles, aux paroisses et aux communautés de réciter le rosaire, suivi de la prière pour le Nigeria en détresse. »

Le dernier jour, le 29 juin, solennité des saints Pierre et Paul, les évêques catholiques du Nigeria demandent que « la Sainte Messe soit célébrée dans tous les diocèses et toutes les paroisses pour la paix et la guérison au Nigeria, le repos des morts, le réconfort des victimes, la protection divine et la conversion des responsables du massacre barbare de concitoyens non armés, y compris des femmes et des enfants ».

Le Pape Léon XIV a exprimé lors de l’Angélus du dimanche 15 juin, toute la douleur de l’Église universelle pour ce terrible carnage.

Afrique :
Au Soudan,
le père Luka Jomo, curé de la ville assiégée d’El Fasher, a été tué par une balle perdue. C’est ce qu’a annoncé le diocèse d’El Obeid dans un communiqué publié le 13 juin. « Chers pères, sœurs et fidèles tous. C’est avec une grande douleur que je vous écris pour vous informer du retour à la Maison du Père du père Luka Jomo ce matin (13 juin) à 3 heures du matin à El Fasher. La cause du décès est un éclat qui l’a tué ainsi que deux autres jeunes. Unissons-nous dans la prière et demandons à Dieu le Père que leurs âmes reposent en paix ».

Cité du Vatican

Au Vatican, l’actualité religieuse cette semaine a été dominée par le premier consistoire du pape Léon XIV, la préparation de nouvelles canonisations, un appel fort à l’unité de l’Église et la commémoration de l’encyclique Laudato si’.

 Laudato si’ a 10 ans !

Publiée le 18 juin 2015, comme deuxième encyclique du Pape François, Laudato Si est la première encyclique entièrement consacrée aux enjeux écologiques.  Le texte s’appuie sur une vision systémique du monde et appelle le lecteur à repenser les interactions entre l’être humain, la société et l’environnement. Cette encyclique « s’ajoute au magistère social de l’Église » en ce qui concerne l’écologie et le réactualiseUne petite révolution pontificale, c’est la première fois qu’une encyclique s’appuyait sur l’utilisation des données scientifiques contemporaines comme les rapports du Giec… En cela elle a reçu un accueil unanime de la communauté scientifique et politique internationale… Plusieurs négociateurs et diplomates ont reconnu que l’encyclique avait facilité certains compromis cruciaux lors des discussions de la COP 21 à Paris en 2015

Le pape Léon XIV résidera à Castel Gandolfo cet été

La Préfecture de la Maison pontificale l’a annoncé hier. Le Pape s’installera dans les villas pontificales de Castel Gandolfo à partir du 6 juillet. Il renoue avec une tradition datant du XVIIe siècle, Castel Gandolfo est le lieu de villégiature des Souverains pontifes depuis 1626.

Père Paul DAH